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« La terre magnétique : le lieu et la formule »




  

Édouard Glissant sur fond de toiles de Sylvie Séma

(extrait du film Les Attracteurs étranges, Federica Bertelli)

L'entretien que nous avons mené avec elle permet d'approcher au plus près les tracés d'une création duale et d'une appréhension singulière de l'espace et du temps, que constitue La terre magnétique dans l'œuvre d'Édouard Glissant.

Présentation : Loïc Céry (Institut du Tout-Monde)

En un compagnonnage créateur, le propos de l'écrivain côtoie les récits et les dessins d'artistes de Sylvie Séma qui gardent trace des voies secrètes de ce lieu magnétique. C'est cette réalisation singulière qui a déjà donné lieu au regard de la critique et qui continue aujourd'hui de susciter l'attention et parfois la fascination qui est abordée pour la première fois par Sylvie Glissant.

Édouard et Sylvie Glissant accueillis à Nantes en 2009.

Sylvie Glissant, artiste peintre (sous le pseudonyme de Sylvie Séma), psychanalyste et directrice de l'Institut du Tout-Monde, nous parle de cette relation de voyage qu'aura constitué la publication par Édouard Glissant de La terre magnétique. Les errances de Rapa Nui, l'île de Pâques, en 2007 aux Éditions du Seuil. Cette écriture à deux voix livre un véritable décodage du paysage et des destinées de l'île de Pâques. 









  

Sylvie Glissant, intervention au Séminaire de l'Institut du Tout-Monde - Vendredi 7 décembre 2018

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La pensée du tremblement 

éclate partout avec les musiques et 

les formes enfantées par les peuples. 

Elle nous préserve des pensées de systèmes de pensée et des systèmes de pensée.  

Elle ne porte pas les stigmates de 

la peur ou de l’irrésolu, elles s’étend

infiniment comme un oiseau 

innumérable dont les ailes sont 

semées de sel noir de la terre. 

Elle nous réunit dans l’absolue 

diversité, en un tourbillon de rencontres:

 elle est l’Utopie qui 

jamais ne s’arrête et qui ouvre 

demain comme un fruit partagé.

 

Collaboration entre Sylvie et Edouard Glissant présentée à Utopia Station,Venise, 2003. Disparue lors de l’exposition. Le texte d’ Edouard Glissant (inscrit à l'encre sur le dessin) est reproduit dans La cohée du Lamentin ou une des principales perspectives développées est celle du tremblement. 


Le dessin de Sylvie Séma-Glissant fait partie d’une série exécutée sur des voiles de bateau : Querelle de la transparence et de la matière.

  

En 2002, Édouard Glissant et Sylvie Séma créent une série limitée de quinze dessins originaux, série intituée Fleuri-nuit. Les dessins sont accompagnés de fragments de poèmes inédis écrits par Édouard Glissant. Ici (à droite) : « Les fleurs d'avril ont duré dans la maison jusqu'aux derniers vents de Noël, et les rires des enfants ont ouvert l'année nouvelle. »

Sylvie Séma, série Stèles.

TEXTE D'ÉDOUARD GLISSANT FIGURANT

DANS LE CATALOGUE D'EXPOSITION


Les formes que Sylvie Sémavoine dresse en stèles, observez qu'elles engendrent leur espace et déterminent l'entour où elles rayonnent. Cette sécrétion du lieu, de la dilatation primordiale, ne dérive d'aucune observation ni pose du réel, d'aucun calcul. C'est la marque d'un des pouvoirs les plus fondateurs de la peinture contemporaine. La peinture qui traque le réel est étonnamment muette. Le peintre qui crée son propre espace crée aussi sa parole autonome. Ainsi rejoint-il ce qui du réel est vraiment « dicible ».


Il y a donc, autour de ces stèles de connivence, de solitude, de conflit, d'échos - pensons à Victor Segalen -, l'aire en tourbillon d'une naissance toujours à venir, les Trous noirs de l'imaginaire, les rayures en strates d'une matière non négociable, le geste dilaté de marcheurs inconnus, insoupçonnables, que Sylvie Sémavoine fait surgir et anime.


Nous voici emportés loin dans les Grands Sidéraux et rassurés là, si près, par le geste le plus quotidien.


Ce qui émane alors d'un tel rapprochement, Ces élancements de la matière primordiale sont ainsi des pierres de résonance. Ils communiquent, c'est-à-dire, avant tout, qu'ils autorisent le dialogue. Le peintre qui crée son espace génère la Relation, de l'ici à l'ailleurs, du silence à la parole partagée.


Stèle, fixité ardente. Quand vous défaites, ô éternelles et fragiles, ce n'est pas pour dilater un néant de signes dont nous nous parerions, comme d'autant de leurres du réel. Non? Même en vos transformations, vous désignez pour nous l'essentiel, qui n'est jamais de pure apparence. Les formes que Sylvie Sémavoine provoque, savons-nous ainsi où elles nous convoquent, demain ? Vers où vont-elles, dans leur errance d'univers en expansion ?

Sans doute en ces lieux où les grandes Stèles, imavides et frémissantes, gardent mémoire de nos vœux.


Édouard Glissant

Édouard Glissant, page manuscrite de la présentation de Stèles, œuvre de Sylvie Séma, pour la première exposition de l'artiste,

« Stèles, Sylvie Sémavoine » , du 28 novembre au 6 décembre 1992, Galerie Charlemagne, Bois-Colombes  © Collection privée

On notera que le texte retenu pour le catalogue d'exposition (reproduit ci-dessous) avait été modifié et augmenté par Édouard Glissant.

UNE TRAVERSÉE AVEC ÉDOUARD GLISSANT

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